Poker, fric, flingue et décadence

Avant de voir Patrick Bruel, sur mon petit écran, tête de gendre idéal et sourire ultra-bright, en train de présenter le world poker tour comme s’il s’agissait d’une finale NBA, je pensais que le poker était réservé aux aventuriers, vivant d’adrénaline et d’argent sale. Pour vous dire, l’image la plus clean que j’avais en tête de la discipline, c’était celle distillée par le célèbre film de John Dahl, Rounders. Mais Patou a dépoussiéré tout ça. Puis, sont venus, dans son sillon, les innombrables joueurs de poker propres sur eux, professionnels de la profession et autres Alexis Laipsker. La loi française a autorisé le poker en ligne, des rooms se sont ouvertes presque aussi vite qu’elles se sont fermées. Des business men ont tenté de surfer sur la vague. Certains ont réussi comme Alexandre Dreyfus, d’autres ont échoué.

Du coup, on aurait pu penser que le poker allait sortir de son ghetto. Mais voilà, on avait beau essayé d’en faire un jeu inoffensif, le poker des années 2000 n’arrivait pas à gommer l’image du poker des 100 dernières années (celui pratiqué dans des clubs clandestins, holster bien huilé sous le manteau). A qui la faute me direz-vous? Simple. Tout le monde ou presque.

Aux cercles de poker

En première ligne, je mettrais les cercles de poker Wagram et Cadet. Le premier était carrément tenu par un clan de mafieux et le second (en liquidation judiciaire et qui ne devrait donc pas rouvrir ses portes) apparemment par des malfaiteurs assoiffés de pognon. La fermeture de l’ACF, d’un tout autre genre et a priori sans rapport avec ce type de malversations, n’a malheureusement rien arrangé.

Les sites de poker en ligne

Les rooms elles-mêmes ont joué un rôle non négligeable. En premier lieux celles montées à la va-vite, qui ont fermé à peine quelques mois après leur ouverture. Je ne blâme pas les entrepreneurs qui ont tenté leur chance mais cela n’a pas aidé à donner une image – disons stable – de la discipline. En second, celles qui survivent et font de l’argent. Prenons Winamax, par exemple. J’aime cette room, ses tournois, son team mais je m’interroge malgré tout sur certains choix qui ont été fait, d’un point de vue marketing comme par exemple, quand elle décide d’appeler son fast fold poker le « GO FAST » – terme emprunté au grand banditisme. Dans un autre genre, et pour pas qu’on m’accuse de faire du favoritisme, on peut citer la décision de pokerstars de ne pas reconduire de tournoi EPT en France l’année prochaine (traduction : le poker n’est pas une fête mais un business qui se doit d’être juteux).

La presse et les média généralistes.

Eux, ils ont la palme. A chaque fois que j’ai été contacté par un média généraliste qui souhaitait « faire un sujet » sur le poker, c’était pour en montrer les plus mauvais côtés ou les plus sulfureux. La triche. Le fric. L’addiction… ça donne envie n’est-ce pas? En gros, on a le choix entre un sujet racoleur ou une news AFP pour parler des « affaires » digne d’un bon épisode de Mafiosa.

La presse spécialisée!

C’est le comble car c’est elle qui aurait du montrer la voie. Pour illustrer mon propos, il me suffit d’ouvrir le LivePoker du mois de janvier 2015. Je passe sur le dossier « triche » qui aurait pu être intéressant (mais en fait pas trop), pour aller directement page 54. Sur cette page, on peut voir le joueur numéro 1 du classement livepoker 2014 : Davidi Kitai. Et comment live poker a-t-il choisi de mettre en scène le joueur numéro 1 ? Et bien avec un flingue pointé sur nous dans une main et un verre de vin dans l’autre. La preuve :

20150217_000411

Je pense que Davidi a du apprécier le résultat. Fond dégueulasse même pas « cleané », pose débraillée, tête de sortie du lit (ou de prison)… L’idée était probablement de faire un truc un peu « BADASS » mais le résultat est juste glauque. Et c’est quoi le message derrière cette photo? Il faut être un « killer » pour être numéro un ? Il faut être menaçant? Armé ? Alcoolique ? Franchement je suis dépité devant un tel cliché (à prendre dans tous les sens du terme).

Alors on peut gueuler, on peut dire que c’est la faute du méchant gouvernement qui n’a rien compris et qui taxe les pauvres gens (et on aurait pas entièrement tort sans doute). Mais avant de blâmer les autres, il faudrait peut être se remettre un peu en question non?

 

crédit photo (pas celle de livepoker, celle du lien sur l’index): Mark O’Grady

5 réflexions au sujet de “Poker, fric, flingue et décadence”

  1. J’ai croisé et parlé à peu de monde dans le milieu du poker depuis début 2012 quand j’ai commencé le poker…..par contre, j’ai énormément lu et parcouru les sites et forums….. quand je lis ton article et que je lis ta prose en général, je me retrouve dans beaucoup de tes constats/avis…. Je suis content de te compter parmi mes amis poker ;)

    +1 pour ton article et ton avis sur l’état actuel du milieu…

    Merci

    ++

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  2. Grave bien d accord avec toi!
    C est quoi cette photo wtf alors que le belge est loin d un sulfureux mafieux…

    Les cercles c est bien triste et le cadet avait une population bien bad guys je trouve (pour les rares fois ou j y avait mis les pieds)Au final ca sera jamais clean car des qu on parle de fric en masse, ya des escrocs, des guns et des coups fourres pas loin.

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