César lança la première pique. Il pointa du doigt les problèmes d’addiction et les dangers de dérives violentes. Il réclamait un encadrement législatif pour protéger les joueurs. Bien sûr, il fallait prévoir des mesures pour punir des contrevenants éventuels. Et puis aussi trouver des financements pour mettre en place une telle structure.
– Gaulois, pour la gloire de nos civilisations, et pour l’image que nous laisserons dans les livres d’Histoire de CE2, nous devons unifier nos jeux. N’en choisir qu’un, le nôtre, par exemple, et montrer à nos descendants les meilleures facettes de notre période Gallo-Romaine post-décadente ;
L’argument avait fait mouche. Mais vu son M, Elkix ne pouvait plus reculer. Il s’ensuivit une cascade de sur-relances qui amenèrent inexorablement les deux antagonistes à tapis.
– Hé ho ! Eul’ Romain ! Où qu’t’as vu qu’nôt’ pokix nous cause des problèmes eud’ caillasse, huh ?
– Là n’est pas la question, mon cher. Je crois plutôt qu’il s’agit d’une propriété intrinsèque à ce jeu, qui enseigne à vos Gauloisillons des préceptes destructeurs et néfastes. Prenons par exemple notre version latine du Tarot, notre noble Prépus…
Il allait sans dire que prendre, pour modèle de vertu, le jeu de cartes favori des plus faillitaires des étudiants de Nanterre, était un piètre choix stratégique. On n’en parle pas assez, d’ailleurs, des mauvais choix stratégiques de César. Sans doute que j’en ferai un prochain article, un jour. Passons…
Les autres rois, quoique couchés, se dressèrent dans toute leur incompréhension. Ils étaient dépassés par ces concepts si techniques de la diplomatie, mis en pratique, à fortiori, par d’aussi grands virtuoses de la joute verbale.
Pour marquer leur présence et insister sur la nécessité d’une décision collégiale, ils réclamèrent une démonstration pratique. La demande faisait partie du piège : en ce temps-là, tous les Gaulois voyageaient avec un jeu de 52 dans la poche, souvent décoré et orné de symboles païens. Il s’agissait donc d’exposer publiquement ces figures de décoration, si possible grivoises, pour diaboliser le jeu, le joueur, et par extension, le Jeu.
Mais, lecteur, ne perd pas ta concentration car c’est là que se joua l’Histoire : par une heureuse intuition, Vercingétorix était venu avec de superbes jeux Bacarte (http://www.bacarte.com) qu’il avait fait personnaliser, avant son trajet jusqu’à Rome, à l’effigie des Empereurs du G5. Pour des raisons arithmétiques, et parce que “les 3 mousquetaires” n’avaient pas encore été écrits, démontrant par là l’inconstance numérologique, il s’était d’ailleurs exclu des fameux quatre Rois.
César observa un temps de silence, scrutant le sublime Roi de Carreau qui le représentait, avec sa couronne de lauriers anti-aliasée et sa toge lactée. Son silence fit aveu de défaite, et devant la dextérité diplomatique de Vercingétorix, ne put qu’admettre son échec par un ostentatoire reniflement.
Dans les semaines qui suivirent, pour les besoins du show et pour sauver la face de l’Empereur, il fallut mettre en scène une déroute militaire des Gaulois. Vercingétorix jeta ses armes au pieds de son Romain rival, admettant mensongèrement sa défaite.
Mais toi, lecteur, tu le sais désormais, il exultait intérieurement de sa plus belle victoire militaire, qui l’avait vu terrasser le Grand César, préservant à travers la pratique du Pokix, la vie, la fierté et le libre-arbitre de ses frères Gaulois.
J’espère que la lecture vous a plu. N’hésitez pas à commenter. Comme d’habitude, j’accepte volontiers les critiques.
moi j’ai beaucoup aimé et j’en veux d’autres :) Un côté BD, SF, second degré qui se marie bien ensemble!