Très cher gouvernement. Avant de rentrer dans le vif du sujet, je tiens à te dire que cette lettre n’a aucune couleur politique. Elle est ouverte et blanche, lavée de partisanerie. Ensuite, elle concerne un sujet qui a priori ne fait guère partie de tes priorités du moment. Et d’un certain point de vue, je peux le comprendre – sans pour autant l’approuver. Un marché, aussi de niche soit-il, est un marché potentiellement créateur de richesses et d’emploi. Celui qui m’intéresse ici est bien évidemment celui du jeu en ligne. Et quand je parle de jeu, tu comprendras qu’il s’agit bien de jeux d’argent (et plus particulièrement de poker) et non de candycrusherie.
En 2010, tu as souhaité légaliser le jeu en ligne. Tu avais toujours montré beaucoup de réticence, celle-ci étant probablement nourries par tes inquiétudes, elles-mêmes nourries par ton ignorance et tes préjugés. De fait, l’ouverture du marché ne fit pas suite à une sorte d’épiphanie mais plutôt à un besoin impérieux de ramasser du cash pour nourrir ton appétit vorace. Qu’importe, j’étais heureux. Et des millions de français allaient l’être aussi. Ils allaient pouvoir sortir de l’ombre, vivre leur passion en toute sécurité. D’ailleurs, pour être sûr de cela, tu as créé l’ARJEL, l’autorité de régulation des jeux en ligne. Ça claque sa mère cher gouvernement. Mais trouver un bel acronyme ne suffit pas toujours. Bref, cela est une autre histoire.
Tu as donc légalisé mais comme bien souvent, tu l’a fait de la pire des façons. Animé par ton avidité, tu as verrouillé les frontières en obligeant les joueurs français à jouer entre eux et tu as surtaxé les opérateurs (donc aussi les joueurs). Le résultat fut à la mesure de ta vision : petit.
Les conséquences de ton incompétence n’ont pas tardé : De nombreux opérateurs ont mis la clé sous la porte. Les gros joueurs sont partis. Bon, j’avoue que sur cette dernière, tu les as vaillamment incités à fuir grâce à une série de contrôles fiscaux bien sentis. Mais là aussi, c’est une autre histoire.
Il y a 2 jours de cela, ton ARJEL publiait son rapport annuel dont le contenu ne surprit personne. Si les paris sportifs tirent vers le haut, les paris hippiques et surtout le poker sont en chute libre. Même la presse généraliste s’est est fait l’écho. Et c’est précisément cela qui m’a donné envie d’écrire cette lettre. Car, vois-tu, les médias sont doués pour faire passer une information (et encore, on pourrait parler de cela plus en détail) mais foutrement mauvais quand il s’agit de l’analyser. Ils en ont fait justement la preuve, sur le sujet qui nous intéresse ici, en justifiant la morosité du secteur du jeu par la Crise.
Haaa, la Crise. Elle a bon dos, la Crise. Elle explique tout. Mais tu auras compris maintenant que ce n’est pas la Crise qui a torpillé le jeu en ligne mais bien la médiocrité de ta loi qui a entraîné tout le secteur dans le précipice.
C’est triste n’est ce pas. Mais rien n’est perdu. Tu peux encore tout changer. Les solutions, de nombreux professionnels du marché les connaissent. A commencer d’ailleurs par l’ancien président de ton ARJEL, Jean-François Vilotte, qui a fini par démissionné, peut être las de pisser dans un violon depuis plus de 3 ans.