
Le jeu reprend au rythme du croupier. La scène a refroidi tout le monde et nous ne jouons à nouveau plus que pour des petits pots. Notre invité nous gratifie régulièrement de ricanements aussi déplacés qu’énervants. Je me protège mentalement en m’injectant discrètement une dose d’amphètes à l’aide de mon implant intra-auriculaire. Un modèle rarissime que j’ai déniché au marché noir grâce à un ancien milicien. Il me l’a vendu à prix d’or, le salaud ! Mais je dois dire que je suis devenu complètement accroc à ce petit jouet.
Quand la milice fut  crée, plusieurs milliers d’exemplaires ont été  commandés pour équiper  les hommes. Ils s’auto-régulaient à volonté en  choisissant les  substances dans leur attirail.
Puis la nanotechnologie fit son  apparition dans les équipements  militaire et semi-militaire. Les soldats  gagnèrent en efficacité,  perdant toujours un peu plus d’humanité. Les  équipements biotech  étaient délaissés, faisant la joie des rebelles et  la richesse des  contrebandiers. Tous les implants ne se valaient pas  cependant. J’ai du  mettre plus d’un an à trouver enfin un Armitage authentique. Pas  la dernière génération, certes, mais il acceptait tout  de même les  modifications nécessaires pour devenir complètement  paramétrable.  Combien de fois ai-je vu des types se griller la cervelle  en trafiquant  leur YukonTech bon marché…
Une fusillade  me tire violemment de mes rêveries. J’y suis habitué  pourtant, elles ne  sont pas rares. Mais celle-ci était vraiment proche.  L’action se fige  comme si tous comprenaient qu’il est déjà trop tard.  La porte explose et  une escouade fait irruption. Le Cerbère semi-mech  est décapité avant  d’avoir fait un geste. Des semi-automatiques sont  braqué sur chacun de  nos fronts. Nos regards se croisent, furtivement.  Finley a les dents  serrées à s’en péter le dentier. On lève les mains,  doucement, en se  demandant quel genre de grâce peut être faite à des  criminels de type 5.  Aucune, bien sûr. Mon regard est alors attiré au  delà des commandos.  Une silhouette qui n’est pas de leur groupe. Qui  aurait du être du  nôtre. Une silhouette au visage tuméfié qui s’est  faite raser quelques  heures avant. Mon ami, joechip, tu n’as donc  trouvé d’autre issue que  dans la délation. Difficile de t’en vouloir,  pourtant. En sortant de  cette salle tu étais pire que mort. Tu as su  saisir l’infime chance de  te réhabiliter.
« – Personne ne bouge, dit une voix de synthèse. Vous  êtes en état  d’arrestation. Vos droits civiques sont suspendus. Vous  serez soumis à  interrogatoire. Si vous bougez vous serez abattu  sur-le-champs. »
Molly, elle, doit être la seule à garder son  sang-froid. Elle tient  bien son surnom, je vous dis. Les lèvres pincées,  elle se dresse  lentement. Je vois son arme cachée dans son dos. Une  véritable  merveille de flingue qu’aucun de nous autour de cette table  n’aurait pu  s’offrir. Je préfère ignorer combien de victime elle a fait  avec ce  jouet. Pendant que sa main droite glisse furtivement en arrière,  elle  sort d’une voix monotone :
« – Salut, les droïdes de mes deux.  Et qu’est-ce que vous faites si je  bouge ? Les robots n’ont pas le droit  de tuer les humains. »
Misread, mon amie. Misread. Les miliciens semi-militaires ne sont pas des robots. Ce sont des humains. Et ils tuent des humains. A la tension de ses muscles je vois qu’elle a compris son erreur avant d’avoir fini sa phrase.
Elle dégaine en un éclair, mais c’est déjà trop tard. Un tonnerre de coups de feu jaillit et je ressens une décharge électrique me traverser la colonne vertébrale. Le sang m’aveugle avant que j’aie touché le sol.
Je crois que je suis broke.
Génial ! ! ! Il te reste plus qu’à l’étoffer un peu et ca devient un best seller ! ! ! ! :D
c’est vrai que c’est chouette, j’ai hâte de découvrir tes autres nouvelles :)